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Ce matin, Jukin s’émerveille.
titre proposé par Marion


Dans ce coin, ce sera parfait. Le séjour manquait d’un fauteuil spectaculaire, alors Jukin avait rendez-vous à l’abattoir. Johnny, le directeur, dont il avait fait la connaissance à un salon de viande, lui avait promis les plus beaux os. Car il désirait se faire un magnifique fauteuil en os. A son arrivée, il fut présenté à Dévine, un nouvel employé à qui le directeur faisait une visite détaillée. Jukin joint la visite.

Dévine était très drôle, malgré lui. Il avait quelque chose de mignon, trop mignon, ce qui inspirait la pitié. Et mêlé à cela des dents horribles et une démarche atrophiée. Jukin pouffait de rire intérieurement, ce qui le distrayait d’ailleurs pendant cette visite si ennuyeuse. Ses os. C’est tout ce qu’il désirait. Patience.

Johnny, ce grand type costaud comme un taureau, les amena à la salle des carcasses. Jukin demanda s’il était vraiment nécessaire d’aller jusque là. Mais le directeur devait tout montrer à son employé, alors il leur emboîta le pas. La porte épaisse découpée dans un métal mat vert bouteille était percée d’un tout petit hublot. Pourquoi étaient-ils toujours aussi mesquins sur les hublots ? On devinait à peine les quartiers suspendus. Jukin entra derrière Johnny qui lui cachait la vue.
Quand le dos s’écarta, un spectacle singulier se découvrit à son regard. La pièce bas de plafond, baignée d’une lumière jaune, offrait des rangées infinies d’animaux pendus. Sur le fond sombre des murs lisses, le rouge des bêtes saisissait. La température fraîche engendrait une légère brume blanche qui ralentissait le temps. Jukin se suspendit, fasciné. Il se sentait chez lui. La régularité du rangement et les étiquettes numérotées lui plaisaient déjà. Mais c’étaient les carcasses qui le touchaient profondément. De la viande morte. Froide. Qui se décomposait à peine. Le velouté des muscles. Cette teinte rouge vin, sombre, semblait pouvoir devenir translucide. Barré d’éclats de membrane blancs laiteux. Jukin se figurait ces sculptures de chair être le résultat heureux de l’assemblage de plusieurs puzzles, dont il manquait la moitié des pièces. Bien entendu, tout ne correspondait pas, alors il fallait forcer. Les ¾ des pièces avaient été écrasés les unes sur les autres par des monstres de la mythologie.

Johnny entreprit d’expliquer à Dévine le fonctionnement de la soufflerie. Jukin prit alors le temps de déambuler dans une rangée pour savourer le spectacle. Il fit quelques pas, et derrière un gros quartier presque carré, une apparition. Une petite carcasse, légèrement bleuie, l’émut particulièrement. Elle lui sembla vivante à l’intérieur. Sur le flanc un trou béant respirait. Pas de tête à cette viande, pourtant elle semblait lui faire un clin d’œil. Jukin était séduit. Après avoir jeté un coup d’œil aux deux hommes toujours occupés à des détails techniques, il s’approcha, fébrile, comme pour un premier rendez-vous.
Sa main effleura la chair. Le désir s’éveilla immédiatement. Il avait peu de temps alors il se laissa guider par sa pulsion. Ses gestes étaient parfaits, la carcasse s’offrait à lui. Avant de la pénétrer, il crut voir la fente s’élargir. Son pénis se fraya un chemin impertinent. L’intérieur, dense, agrippait sa peau au passage, créant un frottement irrésistible à la limite de la douleur. Il retint un râle de peur d’être entendu. Sa jouissance montait déjà, il saisit violemment la carcasse et accéléra. Johnny venait de terminer ses explications, mais Jukin ne pouvait pas s’arrêter. Alors il mordit la viande. Une grosse décharge éjaculatoire remplit le trou. Johnny débarqua dans l’allée. Par réflexe Jukin retira son sexe qui expulsa dans un second spasme sa semence sur le sol. Le directeur se figea, Dévine le cogna dans le dos. Jukin éjacula encore une fois. Visiblement compréhensif, Johnny recula en cachant délibérément la vue à son employé. Jukin put remballer son membre déjà flapi et les suivre.

Avant de sortir, Dévine demanda pourquoi ils n’allaient pas dans l’autre pièce. Le directeur l’assura qu’il s’agissait simplement de la deuxième salle à carcasse, qui était totalement identique. Jukin reconnut effectivement des rayonnages de bêtes par l’autre petit hublot.

Le tour était terminé, Johnny conduit Jukin dans le débarras à os. Il lui fournit un grand sac pour faire sa sélection avant d’emmener Dévine dans son bureau, afin de régler la partie administrative. Son envie de fauteuil lui semblait si lointaine maintenant que cette apparition avait envahi son esprit. Il ne désirait que la revoir. Alors il fourra le sac d’os au hasard pour se créer un alibi et reprit le chemin de la salle aux carcasses.

Les couloirs aussi bien que la salle étaient vides. Son cœur battait à ses tempes. Elle était là. Peut être encore plus bleue que tout à l’heure, son excitation commençait à le démanger. Cependant il voulait découvrir les carcasses de la 2ème salle avant de se laisser aller à la volupté. On ne voyait rien par ce foutu hublot. Il ouvrit lentement la porte épaisse et se glissa à l’intérieur. Exceptée son apparition, les quartiers de viande y étaient encore plus formidables lui semblait-il. Sauf par rapport à son apparition. Ils avaient une fraîcheur particulière comme s’ils étaient encore vivants ou qu’ils avaient une vitalité nouvelle.
Jukin fit quelques pas sur sa gauche et découvrit 3 hommes dans une rangée. Ils portaient la blouse de l’abattoir avec le logo dans le dos. Par contre leur pantalon était en bas de leurs pieds. Et ils pénétraient des carcasses avec leur sexe. Il lâcha instinctivement un « hé ! » désapprobateur qu’il regretta. Les 3 hommes se retournèrent simultanément et éjaculèrent au sol. Jukin ne comprenait pas ce qui se passait tout à coup. Il sortit d’un bond en refermant la porte. Mais il ne pouvait pas la verrouiller. Il plongea jusqu’à la grille d’aération qui se déclipsait, s’enfouit dans le conduit et replaça la grille dans le même mouvement. Les 3 hommes débarquèrent aussitôt mais ne vérifièrent pas l’aération. Les deux plus petits quittèrent la salle mais le dernier resta et termina de remettre sa ceinture. Jukin n’avait plus le choix, il devait emprunter la gaine. Heureusement les conduits étaient larges et l’installation semblait neuve, donc propre. Il longea plusieurs tubes et prit quelques virages avant que des rectangles de lumière ne lui barrent la route. Des fentes perçaient la paroi et donnaient sur une pièce. Jukin s’avança et reconnut le bureau de Johnny :

_Ne vous inquiétez pas, vous n’aurez pas à vous occuper des éjaculations vous-même. Une équipe spécifique en est chargée.

C’était bien la voix du directeur. Jukin apercevait une partie du visage de son interlocuteur : Dévine qui écoutait attentivement. Un grain dans son regard le rendait moins mignon, mais il demeurait très drôle. Jukin s’empêcha de pouffer, cette conversation l’intéressait.

_Je suis prêt à participer vous savez, répondit Dévine, très confiant. J’estime qu’il est nécessaire de s’impliquer dans toutes les tâches d’une production si l’on veut en être un maillon efficace.

_C’est ce que j’apprécie chez vous. Vous n’êtes pas comme tous ces jeunes diplômés, choqués d’un rien et qui veulent tout obtenir, sans effort, sans le moindre investissement personnel, le félicita Johnny. Vous savez, il n’était pas simple de faire accepter ce traitement particulier des carcasses. J’ai dû essuyer beaucoup d’incompréhension, d’insultes. Ma fierté fut ébranlée, mais j’ai persévéré. Quand j’ai enfin réussi à convaincre toute une équipe de travail, nos carcasses ont fait fureur. Ce procédé leur redonne un éclat et une saveur unique. Nos chiffres d’affaire se sont envolés.

Jukin lâcha un pet très sonore. Il ne l’avait absolument pas senti venir. La gaine d’aération amplifia aussi bien l’onde sonore qu’elle propagea l’odeur. Il s’évanouit immédiatement.

Le visage de Johnny l’accueillit à son réveil. La tête lui tournait encore et sa vue était légèrement troublée, mais il était sûr que le directeur lui souriait.

_Ah, il revient a lui messieurs.

Les 3 employés qu’il avait surpris étaient aussi debout autour de lui, souriants. Dévine, assis plus loin avait une expression impassible. Jukin se redressa doucement, sa vision se précisait déjà.

_Mon vieux, vous nous avez lâché une de ces bombes, lança subitement Johnny, plein d’entrain. Notre système d’aération a dû être lancé à plein régime. Ca a pris 10 bonnes minutes pour tout évacuer sans abîmer les quartiers de viande. Par contre je voudrais vous féliciter pour votre petite action dans la salle des carcasses.

Le plus grand des 3 hommes s’avança timidement à ce moment.

_Monsieur le directeur nous a expliqué ce que vous avez fait. Alors moi et mes collègues on voulait vous féliciter et si c’était possible vous serrer la main.

_Euh, oui, bien sûr, répondit-il gêné.

Chacun leur tour ils lui serrèrent la main avec admiration, un grand sourire aux lèvres, puis quittèrent la pièce.

_Ce que vous avez fait n’est pas donné à tout le monde, dit Johnny en s’installant à son bureau. Alors j’ai décidé de vous offrir une place ici. Ils vont vous ramener votre carcasse, qui doit être resplendissante maintenant. Qu’en pensez vous ?

Jukin n’en croyait pas ses oreilles. A peine réveillé, il avait pensé avoir des menottes aux poignets et devoir expliquer son action. Une vague d’enthousiasme le submergea intérieurement. On le félicitait et on lui proposait de le payer pour….non, ce n’était pas possible. C’était un rêve.

_Bien entendu, vous n’êtes pas prié de valoriser des carcasses à longueur de journée. Oui, nous employons le terme « valoriser », c’est beaucoup plus pratique et élégant.

Les 3 hommes entrèrent, l’air déconfit. Les deux plus petits amenaient une immense feuille morte brûlée, tandis que le 3ème fermait la porte dans un geste de recueillement.

_Oh mon dieu ! laissa échapper Johnny en se levant.

Il se tourna vers Jukin, d’un air navré.

_Je suis vraiment désolé mon vieux. Vous ne pourrez pas travailler pour nous.

_Mais….., qu’est ce qui se passe ? Qu’est ce que c’est que ce truc ? souffla-t-il en désignant la feuille géante.

_C’est la carcasse que vous avez valorisée mon vieux. Malheureusement, votre semence est incompatible avec la viande morte. Vous l’avez faite pourrir.

Son sperme avait tué son amour. Jukin était abasourdi. Si vite, il passait de la joie totale à la déroute complète.

_Enlevez-la ! cria-t-il malgré lui.

Les 3 hommes baissèrent la tête et emmenèrent le bout de viande noire rabougri. Johnny lança alors un regard à la dérobée vers Dévine. Ce dernier comprit. Il se leva et s’approcha lentement de Jukin. Il lui posa une main paternelle qui se voulait réconfortante sur l’épaule.

_Ce n’est pas de votre faute vous savez. Vous pourrez revenir quand vous voulez. Et puis si une carcasse n’a pas le profil pour que nous puissions la commercialiser, on devrait pouvoir vous laisser la valoriser tout de même.

Jukin était touché par l’intention. Il sentait des ondes positives autour de lui. Ces types étaient sincèrement désolés. Alors il se leva et fit face à Dévine pour le remercier. Ce dernier était encore plus mignon qu’habituellement. Sûrement car il débordait de sollicitude. Cette fois, Jukin ne put se retenir. Il éclata de rire. Un énorme rire sucré. Des convulsions joyeuses l’accompagnaient. Ils se tordait littéralement de rire.
Mais Johnny changea subitement d’attitude. Ses sourcils osseux se froncèrent.

_Stooop !

Jukin se figea.

_Dévine, mais vous êtes un incapable. Regardez l’effet que vous faites. J’ai besoin de quelqu’un de sérieux, de rassurant. Vous êtes viré aussi ! Tous les deux vous êtes virés, sortez !

Dévine n’empêcha pas sa mâchoire inférieure de tomber. Le visage rouge du directeur le dissuada de tenter de discuter. Il sortit du bureau avec un Jukin qui se retenait encore de pouffer. Johnny claqua la porte derrière eux. Quand il voulut le sermonner sur ce qu’il venait de lui faire, Jukin explosa tellement fort de rire qu’il tourna les talons et partit en boitillant.

Jukin rentra tranquillement chez lui, afin d’assimiler tout ce qui s’était passé. Il avait un sentiment flou car beaucoup de choses s’y mélangeaient, s’y superposaient. Heureusement, il avait put emporter le sac d’os avant de quitter les lieux.
Il se confectionna un magnifique fauteuil, bien que les os n’étaient pas les meilleurs. Certains avaient des formes improbables, voire inutilisables. Il avait alors décidé d’écouter les os plutôt que de les restreindre à une forme, et réalisa ainsi un fauteuil étrange, particulier, unique. Jukin était persuadé que cet os qu’il avait dressé perpendiculairement au centre de l’assise, appartenait à son apparition. Et quand il s’asseyait, nu, bien profond dessus, il en était certain.

4 commentaires:

  1. Violaine dit:
    c'est inadmissible!

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  2. oh aloors, c'est du foutage de gueule ! Remboursé.

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  3. bin voilà, le 30 mars le retard se rattrape encore un peu plus, courage mon coco

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  4. Hahahaha!

    C est enorme! Résolument incorrect; voire abject.

    Le puriste y reprochera les fautes d'orthographe qui emaillent la prose.

    En tout cas, comme dirait Kamel Toe: "C'est fat, gros! Comment il se la donne dans son quartier de barbak le keum. "

    Scalp

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